Le mode de crise permanent selon lequel fonctionne la politique européenne ces derniers mois et ces dernières années met de plus en plus à l’épreuve les bases sur lesquelles se fonde l’intégration européenne. La complexité des décisions à prendre « à la dernière seconde », qui génèrent des conséquences à long terme et qu’on a aujourd’hui du mal à évaluer, associée au renforcement constant de la politisation des thèmes européens à l’échelle européenne, crée un dangereux mélange. Un coup d’œil sur les débats publics montre que les discussions sur les décisions à prendre et sur leur importance relative s’opèrent de moins en moins selon un clivage politique gauche-droite, et qu’apparaissent au contraire des lignes de clivage nationales (l’Allemagne contre la Grèce, la Hongrie contre l’Allemagne). C’est précisément contre une telle évolution que les experts avaient depuis longtemps déjà mis en garde. Pour conserver leurs repères dans cette situation enchevêtrée, le gouvernement fédéral mais aussi les participants aux débats publics devraient garder à l’esprit quelques constantes géopolitiques fondamentales toujours valables, qui depuis Konrad Adenauer ont guidé les décisions de l’Allemagne concernant la politique étrangère et européenne.

Stefan Seidendorf : Préserver la relation franco-allemande, renforcer l’Europe. Quelques principes de la politique étrangère allemande, dir.pub. : Institut franco-allemand, Aktuelle Frankreich Analysen no 30, octobre 2015, 15 pages, 8 € (plus frais de port)